Je viens: La douce bizarrerie qu'est la vie
Je viens d'Emmanuelle Bayamack Tam aux éditions Folio :
Un livre grâce auquel je suis passée par toutes sortes d'émotions.
Ce roman nous plonge dans une famille atypique et complexe. Régis et Gladys, un couple atypique et presque incestueux. Charlie et Nelly, parents respectifs de Régis et de Gladys, un couple rattrapé par la monotonie et la vieillesse. Enfin Charonne, une petite fille abandonnée à la naissance, qui a été adoptée par Régis et Gladys. Mais ces derniers n'avaient pas prévu de se retrouver avec une petite fille noire et grosse !
Le roman se compose de trois parties et de trois points de vue.
Tout d'abord, on rencontre Charonne, qui souffre d'un profond manque d'amour maternel. Un an après l'adoption, ses parents tentent déjà de l’abandonner, ils veulent la rendre, l'échanger comme on rend un vêtement qui ne nous plait pas. À leur grand désespoir, Charonne reste dans leur foyer. Alors pour compenser ce besoin d'amour, Charonne se met à manger et finit par devenir obèse ce qui a le don d'exaspérer un peu plus sa mère qui finit par se désintéresser totalement de sa fille. La jeune fille est donc élevée par ses grands-parents, avec qui ils habitent. Une maison en pleins Marseille, remplie de mystère et de magie. Mais Charonne ne gagne pas forcément au change, alors que sa grand-mère Nelly s'est pris d'affection pour elle, son grand-père raciste insipide ne peut supporter qu'une "négresse" porte son nom. Charonne grandit donc au beau de milieu de cette famille bancale et divisée.
Vient ensuite l'adorable et frivole Nelly à laquelle on s'attache immédiatement. Ex-starlette, elle ne cesse de ressasser ses souvenirs, se désolant de ce qu'elle est devenue en vieillissant. On l'imagine totalement jeune, blonde, étourdissante et amoureuse. Dans cette partie, on en apprend plus sur sa vie, sur ses amours. Et en particulier son premier mari Fernand qu'elle ne peut oublier. Certains passages un peu crus m'ont parfois choquée, mais ça m'a fait énormément réfléchir sur l'amour qu'on éprouve, l'amour qu'on choisit de donner, et le fait de s'ouvrir à l'autre.
Enfin la dernière partie est celle de Gladys. C'est celle dans laquelle je me suis le moins reconnue mais qui m'a fait le plus réfléchir. Concernant son couple, même si on retrouve souvent le mot incestueux dans le livre, j'ai du mal à concevoir qu'on puisse parler d'inceste quand il n'y a pas de liens de sang. Cependant ce roman a soulevé un point important auquel je n'ai pas forcément pensé. Gladys et Régis n'ont jamais connu personne d'autre. Dans ce roman, j'ai eu la sensation qu'ils se sont renfermés l'un sur l'autre, ils étaient semblables, se comprenaient et se suffisaient. Mais n'est ce pas dommage d'aller autant à la simplicité, cela ne mène-t-il pas résolument aux regrets, à l'insatisfaction et possiblement à l’échec ? Je ne condamne pas ce type de relation mais je pense que c'est une possibilité indéniable que ce roman met en lumière. Grâce à ce point de vue, on comprend également un peu mieux le caractère de Gladys, le mépris qu'elle peut éprouver envers les autres, et comment cela peut nous pourrir la vie.
Le point fort de ce roman réside dans la pluralité des points de vue. Dans ce récit, on découvre plusieurs versions d'une même histoire. Ça nous permet de voir comment fonctionnent vraiment les Hommes, comment des relations peuvent être gâchées, simplement parce que l'Homme préfère rejeter la faute sur les autres plutôt que de s'en prendre à lui-même. À la fin de ce roman, on comprend qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises personnes, seulement des êtres humains avec des blessures plus ou moins profondes, et qui ont eu suffisamment de force pour les surmonter ou pas. J'aurais aimé découvrir d'autres personnages du roman de cette façon, comme Charlie par exemple. Est-il aussi inintelligent qu'on le dit ? Ou encore Régis qui n’apparaît que très peu mais qui m'a fascinée vers la fin du roman.
À travers ce roman, l'auteure nous balade et nous fait réaliser que tout est une question de point de vue, qu'il faut dépasser nos aprioris. Elle évoque des sujets profonds et polémiques : le racisme, la vieillesse, le suicide, le goût de la vie.. le tout en gardant une certaine magie, une douce bizarrerie avec la présence d'étranges compagnons fantômes dans le bureau de cette maison si particulière.
Je ne sais pas si je qualifierai ce livre de coup de cœur car il est arrivé que je m'ennuie à certains passages, peut-être est-ce dû au style de l'auteur, un peu pesant. Mais une chose est sûre, je suis ravie de m'être poussée à le lire car il m'a énormément fait réfléchir et beaucoup appris. Et puis zut c'est un de mes coup de cœur !
Vanessa. 🌸Coin des licornes Blog littéraire lifestyle Toulouse
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